Berceau d’un soin

Terre des profondeurs, longtemps assoupie, lorsqu’on réveille la porcelaine, il faut la manipuler avec bienveillance, pour un réveil en douceur. Tout céramiste sait que la porcelaine a une mémoire bien plus développée que tous les autres types d’argile. Elle peut même être caractérielle si on ne la touche pas avec le plus grand soin. En effet, elle nécessite une approche particulière, un battage consciencieux, afin de lui rendre toute sa plasticité, et enfin, une manipulation franche, à la fois douce et rapide.

La technique du pinching, que j’ai choisie pour réaliser «Le berceau d’un soin», m’a permis un réel dialogue avec la matière. Dans mes gestes instinctifs et spontanés, j’ai reconnu ceux du massage, du soin apporté à un peau douce; en l’occurrence, celle de la porcelaine. Comme le pinching, le massage est pour moi un geste non prémédité. Ce qui importe, c’est la bienveillance, l’intention qui crée l’échange entre deux entités. La terre exprime du répondant: ses limites à ne pas franchir. Tant au niveau de sa plasticité, que de la répartition de son poids et ses tensions, la porcelaine nous indique où nous arrêter. Par mimétisme, elle nous fait entrevoir nos propre limites, nos propres contradictions, et c’est la que nous pénétrons les strates de notre âmes communes, entre l’animal et le minéral, la frontière devient floue.


 

Porcelaine, 1250°C, Porcelaine de Limoges, technique du pinching, 60X80cm, 15kg,  Aude Pella 2017

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